Une échappatoire commerciale aide la mode rapide à prospérer au Canada
Une exemption fiscale destinée aux voyageurs alimente maintenant un flot de mode à bas prix au Canada – et les marques canadiennes en paient le prix.
Il y a une raison pour laquelle les géants en ligne comme Shein et Temu peuvent offrir des robes à 5 $ et les expédier à votre porte sans taxe ni droits supplémentaires : ils utilisent une règle commerciale connue sous le nom de minimis – et ils l’utilisent bien.
Qu’est-ce que le minimis?
Au Canada, le seuil de minimis est la valeur en dollars sous laquelle les marchandises importées peuvent entrer au pays en franchise de droits et de taxes. À l’heure actuelle, les articles d’une valeur inférieure à 40 $ CA sont exonérés de taxes, et ceux de moins de 150 $ CA sont exonérés de droits, à condition qu’ils soient envoyés directement aux consommateurs de l’étranger.
Ce système a été conçu pour simplifier le traitement frontalier des petites expéditions occasionnelles, mais il est maintenant utilisé par les entreprises de mode ultrarapide pour inonder le marché canadien de vêtements jetables à faible coût et de mauvaise qualité.
Pourquoi est-ce important?
Tout d’abord, cela crée des règles du jeu inéquitables pour les entreprises canadiennes. Les détaillants nationaux doivent percevoir la taxe de vente et peuvent payer des droits d’importation sur leurs stocks – des coûts que Shein, Temu et d’autres évitent en expédiant de petits colis directement à votre porte.
Par conséquent :
Les marques canadiennes ont de la difficulté à rivaliser sur le plan des prix,
Les emplois et les entreprises locaux sont minés,
Et les recettes fiscales sont perdues – des dollars qui pourraient financer les services publics ou soutenir l’innovation en matière de durabilité.
Au-delà de l’économie, il y a un coût environnemental énorme. Ces entreprises de mode ultra-rapide vendent des milliards de vêtements par an, souvent conçus pour être portés une fois, voire pas du tout. Les articles arrivent emballés individuellement et finissent souvent dans les sites d’enfouissement en quelques mois. Et comme ces entreprises exercent leurs activités en dehors des cadres stratégiques du Canada, il y a peu de responsabilité quant à la façon dont elles sont fabriquées ou à ce qui leur arrive en fin de vie.
Ce que font les autres pays
D’autres gouvernements se réveillent au problème. Bien que les tarifs douaniers ne soient pas une solution parfaite, les États-Unis ont pris des mesures notables pour combler leur échappatoire de minimis, en introduisant récemment des mesures ciblant des entreprises comme Shein. Des conversations similaires prennent de l’ampleur au Royaume-Uni et dans l’UE, où le commerce électronique direct aux consommateurs fait l’objet d’une surveillance croissante pour ses impacts sur les déchets, les droits des travailleurs et les objectifs climatiques.
Le Canada devrait-il abaisser le seuil?
Beaucoup croient qu’il est temps.
L’abaissement du seuil de minimis ou l’application de droits et taxes à toutes les importations en ligne pourraient :
Règles du jeu équitables pour les marques canadiennes
Recouvrer les pertes de revenus fiscaux
Ralentissez le flot de la mode ultra-rapide
Encourager une consommation plus consciente
Accroître la reddition de comptes à l’égard des marchandises importées
Mais la question est complexe. Cela signifierait également des prix plus élevés pour les consommateurs qui achètent sur ces plateformes et une pression accrue sur les systèmes de traitement frontalier. Comme la plupart des défis en matière de durabilité, il y a des compromis.
Ce que nous pensons
Chez La mode prend des mesures, nous croyons que toutes les entreprises doivent respecter les mêmes règles et que les Canadiens méritent un système de mode transparent, équitable et durable. Cela signifie s’attaquer aux lacunes politiques qui permettent aux modèles d’affaires nuisibles à l’environnement et à l’exploitation sociale de prospérer.
Nous croyons également que les consommateurs ont du pouvoir. Chaque fois que vous choisissez d’acheter moins, d’acheter mieux ou d’acheter d’occasion ou local, vous votez pour un avenir mode différent.
Mais nous avons aussi besoin de changements systémiques, et cela inclut de poser des questions difficiles sur la façon dont le commerce électronique international est réglementé au Canada.
Le système est peut-être brisé, mais la sensibilisation est la première étape du changement. Vous voulez en savoir plus sur la façon dont la mode, les politiques et le développement durable se recoupent?
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