Étude de faisabilité du recyclage des textiles
En 2020, nous avons eu la chance d’être approuvés par Environnement et Changement climatique Canada pour mener une étude de faisabilité sur le recyclage des textiles qui permettrait de cartographier tous les intervenants, d’estimer les données sur le volume et la composition des déchets textiles au Canada et de mener un examen technique des différentes technologies de tri et de recyclage.
Compte tenu de l’accent mis par le gouvernement fédéral sur la réduction des déchets plastiques, notre étude visait à fournir une solution aux textiles synthétiques qui se retrouvent dans les sites d’enfouissement du Canada, qui, comme les sacs en plastique et les pailles, y restent pour toujours. En fait, les textiles représentent 7% de tous les déchets plastiques dans les sites d’enfouissement du Canada et, selon un rapport de 2019 de Deloitte, constituent la troisième catégorie de déchets plastiques en nombre absolu après l’emballage et l’automobile. Cela soulève la question de savoir si une industrie du recyclage des textiles pour les fibres synthétiques au Canada est réalisable.
Nous nous sommes associés au Collège Seneca et à la société d’experts-conseils en environnement AET Group Inc. pour mener une étude sur les bennes à ordures qui consistait en des vérifications des déchets textiles de 10 municipalités de l’Ontario. Chaque municipalité a fait l’objet d’une vérification à trois reprises. Ces données manquaient en Ontario et partout au Canada, car chaque municipalité mesure et gère ses déchets textiles différemment, mais il s’agit d’une information essentielle pour comprendre si nous avons le volume de matières premières nécessaire pour rendre le recyclage réalisable. Dans notre étude Dumpster Dive, tous les textiles ont été séparés du flux de déchets et prétriés par groupe AET selon les catégories suivantes : vêtements, textiles de maison, chaussures, accessoires, peluches et autres. Ensuite, les textiles ont été classés pour déterminer si le matériau était suffisant pour être réutilisé ou s’il devait être recyclé. La dernière étape consistait à déterminer le matériau de la fibre.
À partir de ces résultats, nous pouvons estimer que 160 000 tonnes de textiles fabriqués à partir de fibres synthétiques à 100% et 200 000 tonnes de mélanges de fibres synthétiques et naturelles doivent être recyclées. Par conséquent, il y a suffisamment de matière pour alimenter plusieurs installations de recyclage de textiles au Canada, si la matière peut d’abord être séparée du flux de déchets et s’il y a suffisamment de possibilités de recyclage.
Un examen technique a été effectué par le CTTEI pour comparer les technologies appropriées qui peuvent soutenir une industrie du recyclage des textiles. Les technologies ont été regroupées en trois catégories prédéfinies : tri, recyclage mécanique et recyclage chimique. Pour chaque catégorie, les projets en cours et les entreprises en démarrage ont été identifiés, et une sélection d’études de cas détaillées a été présentée afin d’offrir des renseignements détaillés sur les processus, les coûts, les matières premières, les caractéristiques des produits et l’état de préparation technologique. Bien que des technologies de tri automatisé aient été éprouvées sur d’autres flux de déchets, des travaux supplémentaires sont nécessaires pour assurer leur transfert réussi aux déchets textiles. Le secteur du recyclage mécanique et chimique n’est pas encore consolidé, car diverses technologies concurrentes rivalisent pour démontrer leur viabilité, souvent sur des matières premières très spécifiques.
Enfin, une évaluation comparative a été effectuée par le CTTEI pour décrire les avantages et les inconvénients des solutions, présentées dans les études de cas. Le tri automatisé ne peut pas remplacer l’œil humain pour les marchés de réutilisation, mais semble être une étape essentielle pour toute opération de recyclage des textiles. Dans l’ensemble, le recyclage mécanique peut être réalisé à une échelle et à un coût plus faibles que les solutions de recyclage chimique, mais la gamme de produits est plus limitée. Cependant, il faut tenir compte du fait que le recyclage chimique peut nécessiter l’utilisation de produits chimiques nocifs pour déconstruire des textiles spéciaux tels que les tissus résistants au feu.
Notre étude de faisabilité sur le recyclage des textiles sera publiée le 9juin et nous organiserons un webinaire le même jour à 12h00 HNE pour présenter les faits saillants de notre recherche, nos recommandations pour le gouvernement fédéral et les prochaines étapes du projet. L’inscription est gratuite. Nous espérons vous y voir!
